CENTRES EXPERTS ÉTUDE 5

TRAITEMENT DE L’HÉPATITE C DANS L’OUEST DE LA RÉUNION ETAT DES LIEUX AU 30 AVRIL 2016 :
Résultats de ce qui a déjà été fait, évaluation de ce qui reste à faire

Étude menée par :CUISSARD L. (1) ; AUDIN – MAMLOUK H. (1) ; ROUSSIN C. (1) ; BOURDIER DE BEAUREGARD M. (1) ; FRANCOIS C. (1) ; RIVA-CAMBRIN H. (2) ; MILON A. (1) ; BELON G. (1)
Lieu : (1)Hépatogastroentérologie, (2)Pharmacie, Centre Hospitalier Gabriel Martin, Saint Paul, Ile de la Réunion.
Conflit d’intérêt : Aucun

RÉSUMÉ

Introduction

Les nouveaux antiviraux d’action directe (DAA) contre le VHC permettent des traitements courts, très efficaces et bien tolérés. Avec l’élargissement annoncé des indications, un traitement de l’ensemble des patients devient envisageable. Néanmoins ces traitements gardent un coût important et une évaluation des ressources nécessaires pour traiter l’hépatite C dans chaque région semble intéressante. Le nombre de patients restant à traiter dépend de la séroprévalence, du taux de diagnostic de l’infection VHC, de l’importance et des résultats des traitements réalisés antérieurement.

Objectifs

Evaluer le pourcentage de patients déjà traités pour leur hépatite C dans l’Ouest de la Réunion, le résultat des traitements réalisés et le nombre de patients diagnostiqués restant à traiter.

Patients et Méthodes

Etude rétrospective réalisée dans le territoire de santé ouest de l’ile de la Réunion : tous les dossiers des patients ayant une sérologie VHC positive vus en consultation ou en hospitalisation dans le service d’hépato-gastro-entérologie du centre hospitalier Gabriel Martin, Saint Paul de la Réunion ou par un des 2 gastroentérologues libéraux du secteur ont été colligés et inclus.

Résultats

384 patients VHC+ ont été colligés, 204 Hommes (53%) et 180 Femmes, d’âge moyen 57 ans. 245 patients avaient été vus avant le 31/12/2010 et leurs caractéristiques rapportées antérieurement (1). 139 dossiers complémentaires ont été colligés depuis cette date. L’ARN était négatif chez 44 des 384 patients (11,46 %) (20 sur 245 soit 8,16 % en 2010). Avant les DAA un traitement avait été réalisé chez 135 des 340 patients virémiques (39,7%), plus souvent chez les patients infectés par un virus de génotype 3 (37 patients/57 soit 63%)(G1 n =60/162 soit 37%, (dont 11 patients traités par trithérapie avec les inh. protéases de 1ère génération), G2 n=19 sur 43 soit 44%, G4 n=8 sur 22 soit 32%).

58,5% (78 patients sur les 135) des patients traités avant les DAA ont été guéris avec des résultats conformes à la littérature : G1 : 50 % de SVR (30 guéris/60) dont 46,93% après PEG-Riba(PR) (23/49) et 63,63%(7/11) après trithérapie. Pour les G2, G3 et G4 respectivement : 78,9%(15/19 patients), 63,8%(24/37 patients) et 32%(3 sur 8 patients) de SVR après PR. G5 : 1seul patient traité avec SVR après PR.

Devenir des patients : sur les 340 patients ARN VHC+ : 38 sont DCD (13 de cause hépatique, 19 de cause non hépatique, 6 de cause non retrouvée), 61 ont été perdus de vue, 78 patients ont été guéris avant DAA et 51 patients ont été traités par DAA avant 04/2016. 112 patients suivis sont en attente de traitement

Conclusion

40 % des patients VHC + de l’Ouest de la Réunion avaient été traités avant l’ère des DAA avec des résultats conformes à la littérature.

A ce jour environ 1/3 des patients connus ont été guéris, 1/3 sont DCD ou ont été perdus de vue et 1/3 restent à traiter.

Avec l’élargissement des indications, le traitement de tous les patients diagnostiqués pourrait être rapide avec un coût global possible à déterminer. En revanche il n’y a pas de donnée actuelle permettant d’estimer le nombre de patients non diagnostiqués à la Réunion.

 

OBJECTIF DU TRAVAIL

Evaluer le pourcentage de patients déjà traités pour leur hépatite C dans l’Ouest de la Réunion, le résultat des traitements réalisés et le nombre de patients diagnostiqués restant à traiter.

METHODES

Etude rétrospective réalisée dans le territoire de santé ouest de l’ile de la Réunion : tous les dossiers des patients ayant une sérologie VHC positive vus en consultation ou en hospitalisation dans le service d’hépato-gastro-entérologie du centre hospitalier Gabriel Martin, Saint Paul de la Réunion ou par un des 2 gastroentérologues libéraux du secteur avant le 30 avril 2016 ont été colligés et inclus.

RESULTATS

384 Patients ont été colligés

53 % d’hommes (âge moyen 58 ans) / 47 % de femmes âge moyen 61 ans.

245 patients avaient été colligés au 31/12/2010 et leurs caractéristiques épidémiologiques rapportées antérieurement (1).

Depuis le 01/01/2011, 139 dossiers complémentaires ont été retrouvés et colligés. Ces « nouveaux » patients sont :

-Soit des patients diagnostiqués avant 2011 mais qui n’avaient pas été vus en consultation dans nos centres auparavant ou s’ils avaient déjà été vus avaient été « oubliés » dans l ’étude de 2010 compte tenu du caractère rétrospectif du recueil.
-Soit des patients diagnostiqués pour la première fois depuis 2011.

Répartition par génotypes (Sur 286 patients virémiques avec génotype connu)*

G1 56,6 % (162 patients)(**)
G2 15 % (43 patients)
G3 19,9 % (57 patients)
G4 7,7 % (22 patients)
G5 0,7 % (2 patients)

(*) 44 patients avaient un ARN négatif (11,46 %). Pour 54 patients le génotype était inconnu (44 de ces patients faisaient partie des perdus de vue ou DCD)
(**) : parmi les G1 : 35% G1a  – 48% G1b – 17% G1np)
Pas de génotype 6

 

Historique et résultats des traitements avant DAA*

Traités avant DAA (PR ou trithérapie IP 1ère gen.) Guéris  avant DAA (en pourcentage des patients traités)
Population globale(**) 39,7% (135/340) 57,8% (78/135)
Génotypes 1(***) 37% (60/162) 50% (30/60)
Génotypes 2 44% (19/43) 78,9% (15/19)
Génotypes 3 63% (37/57) 63,8% (24/37)
Génotypes 4 32% (8/22) 37,5% (3/8)
* En 2010, 102 patients sur 245 avaient été traités par PR (41,6%). Depuis cette date 33 patients complémentaires ont été traités par schéma à base d’interféron dont 11 patients traités par trithérapie à base de bocéprevir ou Télaprevir.

** Pour 10 patients traités par PR, génotype non retrouvé

*** Pour les 60 patients génotypes 1 traités avant DAA :

49 traités par PR : 23 sur 49 guéris ( SVR PR 46,9 %)

11 traités par trithérapie (Tela ou Boce) : 7 sur 11 guéris ( SVR trith 63,6%)

 

Devenir des patients ( sur 340 patients ARN +)

Perdus de vue(a) 61/340 patients (17,9%) 29,1 % DCD ou PV
DCD(b) 38/340 patients (11,2%)
Guéris avant DAA 78/340 patients (22,9%) 36,4 % guéris
Traités par DAA avant 04/2016(c) 51/340 patients (15%)

46/340 guéris par DAA (13,5%)

En attente de traitement DAA 112/340 patients (32,9%) 32,9% à traiter

COMMENTAIRES 

(a): Perdus de vue, patients suivis par médecin traitant mais avec refus de prise en charge de leur maladie hépatique ou problèmes sociaux ou psychiatriques empêchant leur suivi, patients repartis en métropole

(b): 13 décès de cause hépatique (9 décompensations de cirrhose terminale, 4 hépato-carcinomes). 19 décès de cause non hépatique : 6 cancers (poumons n=3, œsophage n=1, sein n=1, CCR n =1), 6 causes cardiovasculaires (coronarienne, AVC, infarctus mésentérique), 7 causes diverses (dépression, hypoglycémie sur diabète, infections). 6 décès dont la cause n’a pas été retrouvée par notre recueil.

(c): 2 patients DCD de façon précoce de décompensation (traitement de « sauvetage » sur hépatopathie évoluée 2014), 1 échec virologique, 2 arrêts précoces pour inobservance.

Références bibliographiques :
(1)L’ hépatite C à l’ île de la Réunion : une pathologie importée dans 3/4 des cas et des profils de patients différents selon leur origine géographique \ L. Cuissard, H. Thurieau et coll.(Saint-Paul – RÉUNION), JFHOD 2011 CA 156

CONCLUSION

40 % des patients VHC + de l’Ouest de la Réunion avaient été traités avant l’ère des DAA avec des résultats conformes à la littérature.

A ce jour environ 1/3 des patients connus ont été guéris, 1/3 sont DCD ou ont été perdus de vue et 1/3 restent à traiter.

Avec l’élargissement des indications, le traitement de tous les patients diagnostiqués pourrait être rapide avec un coût global possible à déterminer. En revanche il n’y a pas de donnée actuelle permettant d’estimer le nombre de patients non diagnostiqués à la Réunion.

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