Séroprévalence de l’hépatite delta chez les porteurs chroniques de l’AgHBs dans l’Ouest de l’Ile de la Réunion
Étude menée par :L. Cuissarda,1,2, B. Roquebert3, Y. Badat2, H. Audin-Mamlouka,1, C. Françoisa1, M. de Beauregarda1, G. Belona1, M. Sinb2, M. Anelli4, A, Guérinb1, E. Gordien5
Lieu : a Service Hépato-gastro-entérologie CHAUVET, b LABM ; 1 CHGM Saint Paul, RÉUNION ; 2 Clinique les Orchidées, Le Port, RÉUNION ; 3 Laboratoire de virologie, CHU St Denis de la Réunion ; 4 LABM REUNILAB St-Gilles de la Réunion ; 5 CNR hépatite Delta, Hôpitaux universitaires Paris Seine Saint Denis, BOBIGNY
*laurent.cuissard@gmail.com
Conflit d’intérêt : Aucun
RÉSUMÉ
Introduction
Le virus de l’hépatite Delta (VHD), n’infecte que les patients infectés par le virus de l’hépatite B (VHB). En effet le VHD utilise les enveloppes du VHB (AgHBs) pour la morphogenèse de ses propres virions. À notre connaissance, il n’existe aucune donnée concernant l’infection Delta sur l’Ile de la Réunion, pays de forte migration africaine, indienne et malgache au 17ème et 19ème siècles.
Objectifs
Déterminer la séroprévalence du VHD chez les porteurs chroniques de l’AgHBs dans le territoire Ouest de l’Ile de la Réunion et décrire le profil épidémiologique, clinique et biologique des patients infectés.
Patients et Méthode
Tous les dossiers de patients ayant un AgHBs positif, vus en consultation ou en hospitalisation dans les cabinets libéraux ou dans le service d’hépato-gastro-entérologie du territoire de santé de l’Ouest de la Réunion, entre le 1er Janvier 2013 et le 1er Juin 2018 ont été colligés et analysés rétrospectivement. Les résultats de sérologie VHD (anticorps totaux anti-VHD) ont été recueillis systématiquement
Résultats
297 patients AgHBs positifs ont été considérés, comprenant 133 hommes (44,8%) d’âge moyen 51 ans (± 15,5) pour 164 femmes (55,2%) d’âge moyen 42,7 ans (± 12,4). Une sérologie de l’hépatite Delta a pu être documentée pour 198 patients (66,6%). Celle-ci était positive uniquement dans trois cas, soit 1,5 %. Aucun cas de VHD n’a été retrouvé chez des patients Réunionnais, de France métropolitaine ou de l’archipel des Comores. Les trois patients positifs étaient des hommes, âgés de 60, 53 et 44 ans, tous nés à Madagascar dans des régions différentes.
Conclusion
La séroprévalence de l’Hépatite Delta chez les porteurs de l’AgHBs dans l’Ouest de la Réunion est très faible, retrouvée à 1,5 %, tous les cas ayant été importés de Madagascar. On peut penser que nos résultats reflètent la séroprévalence globale à l’Ile de la Réunion Ce profil épidémiologique est identique à celui retrouvé dans les autres départements d’Outremer ayant eu un mode de peuplement similaire, indiquant l’absence du VHD chez les populations transbordées notamment d’Afrique entre le 17ème et 19ème siècles.
OBJECTIF DU TRAVAIL ET MÉTHODES
À notre connaissance il n’existe à ce jour aucune donnée sur l’hépatite Delta à l’Ile de la Réunion.
But du travail :
Déterminer la séroprévalence du VHD chez les porteurs chroniques de l’AgHBs dans le territoire Ouest de l’Ile de la Réunion et décrire le profil épidémiologique, clinique et biologique des patients infectés.
Patients et Méthode :
Tous les dossiers de patients ayant un AgHBs positif, vus en consultation ou en hospitalisation dans les cabinets libéraux ou danslle service d’hépato-gastro-entérologie du territoire de santé de l’Ouest de la réunion entre le 1er Janvier2013 et le 1er Juin 2018, ont été colligés et analysés rétrospectivement. Les résultats de sérologie VHD (anticorps totaux anti-VHD) ont été recueillis systématiquement.
Ile de La Réunion
RÉSULTATS
Nombre de patients AgHBs + : 297 patients AgHBs positifs ont été colligés.
Caractéristiques des patients AgHBs + : 133 hommes (44,8%) d’âge moyen 51 ans(± 15,5) pour 164 femmes (55,2%) d’âge moyen 42,7 ans(± 12,4).
Séroprévalence de l’hépatite Delta
Une sérologie de l’hépatite Delta a pu être documentée pour 216(*) des 297 patients (72,7%). Elle était positive uniquement dans trois cas, soit 1,4 %.
* : Des résultats complémentaires de sérologie VHD ont été récupérés depuis la date d’envoi du résumé
Caractéristiques des patients VHD positifs
Aucun cas de VHD n’a été retrouvé chez des patients Réunionnais, de France métropolitaine ou de l’archipel des Comores.
Les trois patients positifs étaient des hommes, âgés de 60, 53 et 44 ans, tous nés à Madagascar dans des régions différentes. Aucun n’était co-infecté par le VHC ou le VIH.
Année Naissance | AgHBe | Fibrose Max | Traitement | Evolution | |
Patient 1 | 1974 | neg | F3 | Peg IF | résolution |
Patient 2 | 1958 | neg | F0F1 | surveillance | |
Patient 3 | 1965 | neg | F4 | PegIF | rechute * |
* En cours de retraitement PEG IF
COMMENTAIRES
- Il s’agit a priori des premières données disponibles sur l’hépatite Delta à la Réunion.
- L’Ouest de l’Ile de la Réunion apparaît être une zone de faible prévalence pour l’hépatite Delta, avec une séroprévalence environ 2 à 3 fois plus faible qu’en France métropolitaine, alors que la séroprévalence de l’hépatite B en est proche1.
- Nous pouvons penser que les résultats sont peu différents dans les autres régions de l’Ile. Mais nous ne disposons pas à ce j de données pour le confirmer.
- Tous nos patients VHD + sont originaires de Madagascar, zone de forte prévalence d’hépatite B. Pour mémoire les natifs de Madagascar représentent environ 1,5 % de la population générale de la Réunion et moins de 20 % des cas d’hépatite B1.
- Nous retrouvons une prédominance féminine inhabituelle chez les patients porteurs de l’AgHBs, confirmant des résultats présentés antérieurement2 que nous attribuons à un dépistage insuffisant chez les hommes.
1LEMIERE M. Caractéristiques épidémiologiques des patients porteurs chroniques de l’hépatite B sur le territoire ouest de l’île de la réunion.Cohorte de 173 patients pris en charge de janvier 2009 à décembre 2012. Thèse de Médecine UFR UNIVERSITE BORDEAUX 2 , 2013 – 2FRANCOIS C. : L’hépatite B à l’Ile de la Réunion : Des spécificités épidémiologiques à connaître, JFHOD 2014 CA 331
CONCLUSION
La séroprévalence de l’Hépatite Delta chez les porteurs de l’AgHBs dans l’Ouest de la Réunion est très faible, retrouvée à 1,4 %, tous les cas ayant été importés de Madagascar. On peut penser que nos résultats reflètent la séroprévalence globale à l’Ile de la Réunion. Ce profil épidémiologique est identique à celui retrouvé dans les autres départements d’Outremer ayant eu un mode de peuplement similaire, indiquant l’absence du VHD chez les populations transbordées notamment d’Afrique entre le 17ème et 19ème siècles.